Partir vivre en Angleterre avec ses enfants : “Je suis partie seule avec mon fils de 9 ans. Aujourd’hui, je gagne beaucoup mieux ma vie”

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Aujourd’hui sur TrucLondres nous vous proposons une interview exceptionnelle d’Oihana, une mère courageuse qui a décidé de partir vivre en Angleterre avec son fils. Elle détaille pour nous son expérience : travail, logement, scolarisation… Un vrai parcours du combattant :

Je m’appelle Oihana, j’ai 37 ans et je suis basque, du côté espagnol.

Avant de venir j’avais une entreprise (une SARL) avec un associé, dédiée à la création de pages Web et d’applications. Je suis divorcée, j’ai un fils de 9 ans. Je suis partie seule au début pour préparer le terrain. Un mois et demi plus tard j’ai fait venir mon fils.

Elle décide de sauter le pas et de partir vivre en Angleterre…

Pourquoi avoir choisi le Royaume-Uni pour changer de vie ?

J’ai toujours été attirée par le Royaume-Uni, la culture, les gens, l’histoire et plus particulièrement Londres, une ville cosmopolite et pleine d’opportunités.

J’avais passé quelques mois à Londres 15 ans auparavant à la sortie de l’Université pour y faire un stage non rémunéré. J’ai fini par laisser tomber le stage et j’ai trouvé du travail dans un Prêt à Manger (chaîne de restauration rapide britannique ndlr). Ça a été une expérience enrichissante dont je garde d’excellents souvenirs.

Quel a été le déclic ? La chose qui te fait dire « ça y est je le fais » ?

“Je me disais tout le temps que je ne veux plus avoir à me demander si j’allais arriver à terminer le mois. Je voulais aussi offrir une vie meilleure à mon fils.

Je me suis regardée, à 37 ans, sans revenus fixes, vivant avec mon ex-mari car nos salaires ne nous permettaient pas de vivre chacun de notre côté, sans économies, sans possessions, avec des difficultés pour terminer le mois (parfois même pour arriver au 15), à compter les centimes, avec un fils qui dans 10 ans allait vouloir étudier sans que je ne puisse le lui offrir… Je me tuais au travail et c’était un cercle vicieux. Je ne voyais aucun futur, ou alors un futur où tous mes efforts n’étaient pas récompensés.

Ce fut un acte courageux… Tu penses que l’on doit être courageux dans ce monde ?

Toujours. Sinon on passe notre vie à s’adapter aux choses. Le courage s’acquiert par le travail, on ne devient pas courageux du jour au lendemain mais à force d’efforts.

En atterrissant à Londres…

Comment fut ton premier contact lorsque tu es arrivée au Royaume-Uni ?

Je pense que le meilleur moment ce fut de retrouver cette ville que j’avais laissée 15 ans en arrière mais à une étape de ma vie complètement différente. J’étais plus mature, j’avais les idées claires, avec mon expérience j’aspirais un poste à responsabilité et j’étais mieux préparée grâce aux informations auxquelles nous avons accès aujourd’hui (grâce à votre site Web par exemple). J’étais en mesure d’affronter tous les obstacles qui se mettraient en travers de ma route. Même si mon fils n’a pas fait le premier voyage avec moi, toutes les choses que j’ai pu faire en arrivant avaient pour unique but de créer un environnement approprié pour le faire venir au plus vite.

Partir vivre en Angleterre avec des enfants

Au début, je me suis beaucoup mis la pression avec les recherches appartements. Je travaillais de 9h à 17h30 et je ne pouvais visiter qu’un seul appartement par jour après le travail (et en courant car les visites ici terminent à 18h). Je rentrais tard avec la frustration de ne pas avoir trouvé un logement convenable, ou alors le loyer était trop élevé pour mon budget, ou mes références n’étaient pas suffisantes. Tout n’est que coups durs au début mais cela finit toujours par s’arranger.

Quelles ont été les premières choses que tu as faites ?

Comme j’avais déjà travaillé à Londres auparavant, j’ai fait une demande pour récupérer mon NIN afin de faciliter la recherche d’emploi, mais apparemment je n’en avais pas ou il avait périmé (le NIN à effectivement une date limite ndlr). Au final j’ai dû faire une nouvelle demande : J’ai appelé, ils m’ont posé les habituelles questions, m’ont donné rendez-vous dans un Job centre, j’ai passé l’entretien et 15 jours plus tard j’avais reçu mon nouveau numéro. Cela s’est fait très rapidement.

Combien de temps t’a-t-il fallu pour trouver du travail ?

“J’ai posé le problème sous un autre angle : je ne pouvais pas me permettre de partir à l’aventure et voir ce qui allait se passer.”

Je me suis donc armée de patience, j’ai placé la barre très haut et j’ai passé une année entière, en Espagne, à envoyer des CV, à répondre à des offres qui étaient en rapport avec mon travail et qui étaient rémunérées en rapport à mon expérience. J’ai surtout utilisé Linkedin et j’ai aussi été en contact avec une agence de recrutement spécialisée dans ma branche. Je me suis mis en contact directement avec elle.

Au bout d’un temps, les recruteurs en personne ont commencé à m’écrire ou à m’appeler pour me dire que mon CV les intéressait et qu’ils souhaitaient le faire passer à leurs clients. J’étais parfaitement consciente que beaucoup de mes candidatures restaient sans réponses car je ne vivais pas au Royaume-Uni. Certaines entreprises ont aussi considéré que je n’étais pas suffisamment préparée.

Raconte-nous quelques anecdotes sur ton arrivée

Au début, j’ai eu beaucoup de mal avec l’anglais (elle raconte plus loin son combat avec la langue ndlr) et le déclic est venu une fin d’après midi alors que je rentrais chez une amie après le travail. J’étais complètement abattue, pleurant, car je n’arrivais pas à communiquer avec mes collègues de travail ou même avec elle. Elle m’a dit qu’elle avait ce dont j’avais besoin et elle a sorti bouteille de vodka polonaise. Elle était elle-même polonaise. Je suis revenue à la vie. Je dois dire qu’en temps normal je ne bois jamais, ni même en soirée. Je n’ai eu besoin que d’une paire de verres.

Au niveau de la situation professionnelle

Quelle est ton salaire actuellement ? Te permet-il de mettre de l’argent de côté ?

Je gagne £37 000 par an (environ 42 000€) et oui, même en vivant seule avec mon fils, j’arrive à mettre des sous de côté.

Partir vivre en Angleterre avec des enfants

Tu penses que ta situation professionnelle est meilleure au Royaume-Uni qu’en Espagne ?

“Au Royaume-Uni, je gagne trois fois plus qu’en Espagne en occupant le même poste”

Je ne pense pas, j’en suis sûre. Ce n’est pas comparable. Je gagne trois fois plus qu’en Espagne avec un travail spécialisé dans l’infographie. En Espagne, un designer doit faire le même travail beaucoup plus rapidement : fais-moi un logo, fais-moi le design du site Web et la programmation aussi, etc. Ici, le rythme est beaucoup plus pausé, on prend les projets les uns après les autres et pas 800 à la fois. Je pourrais continuer la liste pendant longtemps. J’admire la culture du travail qu’il y a au Royaume-Uni. Tes collègues te remercient pour le travail réalisé, ils parlent en bien de tes capacités, on sort au pub une fois par mois pour se socialiser… C’est une forme complètement différente d’aborder le monde professionnel.

Apprendre l’anglais

Quel été ton niveau d’anglais au début ?

Assez bon, du moins c’est ce que je pensais. Je bafouillais un peu les premières semaines. Mais malgré le fait de comprendre presque tout, j’étais incapable de construire une phrase correctement.

Comment as-tu progressé ? (École de langue, livre, etc.)

J’ai progressé petit à petit, premièrement car j’ai eu un déclic comme je vous l’expliquais et deuxièmement, parce que je travaillais dans un bureau avec 80 personnes et seulement deux parlaient espagnoles. Troisièmement parce que je ne communique quasiment qu’en anglais avec mes amis. Et enfin… Je bénis la télévision !

Comment est ton anglais à présent ? As-tu toujours des problèmes ?

J’ai fait d’énormes progrès mais il me reste toujours un long chemin à parcourir, surtout à l’oral. Je comprends tout (ou presque), et je le parle correctement. Mais j’ai toujours du mal à articuler une pensée complexe et à argumenter. Un jour, je pourrais le faire, je ne suis ici que depuis trois mois.

Et pour ton fils, ça a été difficile ? L’anglais lui a-t-il demandé beaucoup d’effort ?

Non absolument pas, pas de traumatisme de ce côté-là. Il avait déjà des bases car il suivait des cours dans une écoles de langue à Saint-Sébastien. Son niveau n’était pas extraordinaire mais il avait déjà du vocabulaire. Maintenant, après à peine deux mois, ses progrès sont impressionnants. Il écrit, il parle, il peut conjuguer les verbes. Tout n’est pas parfait mais il arrive à se faire comprendre.

Partir vivre en Angleterre avec un enfant… Un vrai défi !

Partir vivre en Angleterre avec des enfants

Parle-nous du processus pour trouver une école au Royaume-Uni

 

“Inscrire ses enfants à l’école publique au Royaume-Uni est beaucoup plus simple, tous se fait en ligne.”

Il faut faire la demande une fois que vous avez une adresse fixe car c’est l’endroit où vous vivez qui décide de l’école où votre enfant ira. Lorsque que vous êtes installé, vous devez consulter la page du City Council (le conseil municipal que gère l’administration de la zone où vous vous trouvez, Londres est divisé en plusieurs municipalités ndlr). Vous ne pouvez pas y allez directement, tous se fait sur le site Web. Vous y trouverez toutes les informations nécessaires. Il faut télécharger le formulaire d’inscription, le remplir en choisissant trois écoles dans votre zone et le renvoyer.

Dans mon cas, j’ai fait la demande hors des délais habituels, ils m’ont averti que le traitement du dossier prendrait quatre semaines. Mais au bout de deux semaines tout était prêt. Vous recevez une lettre vous expliquant à quelle école votre enfant a été assigné et vous invitant à vous mettre en contact avec cette école pour commencer les démarches. Il s’agit juste d’un entretient avec la personne responsable, pour remplir un formulaire, remettre un acte de naissance, ce genre de choses.

Que penses-tu de l’éducation au Royaume-Uni ? Satisfaisante ?

Pour le moment je n’ai rien à redire. Les horaires sont différentes de l’Espagne et c’est un peu compliqué parfois. Ils commencent à 8h45 et sortent 15h15. S’ils ont moins de 10 ans, comme le mien, ils ne les laissent pas sortir seuls. Avec mes horaires de travail, seule, je n’ai pas d’autre choix que de le laisser aux activités extrascolaires, le matin et le soir.

“L’éducation est 100% gratuite. Mais réellement gratuite, on ne paye pas les livres ni le matériel, rien. L’école fournie tout.”

Les enfants portent des uniformes, ce qui est très économique. Dans le cas de mon fils, seul le pull porte le blason de l’école et le reste (chemises, pantalons, chaussures) vous pouvez le trouver dans n’importe quel supermarché type Sainsbury, M&S, etc. Pour vous donner une idée, deux pantalons ne coûtent que £8 au Sainsbury. Ce qui est un peu plus cher par contre ce sont les activités extrascolaires.

Votre fils est-il content ?

“Depuis quelques semaines, il me dit littéralement : je suis content maman.”

Mais ce n’est pas seulement ça, ça l’a changé. Avant j’avais un fils introverti et timide et maintenant il est devenu beaucoup plus ouvert et réceptif. Même les professeures m’ont dit qu’il ne ressemblait pas à la description que je leur avais faite.

Pour faciliter son intégration, je l’ai emmené, le jour après son arrivée, jouer au foot avec des enfants du quartier. Il adore le sport et si c’est avec un ballon aux pieds c’est encore mieux. Je crois que j’ai réussi à lui faire voir que ce n’est pas différent d’ailleurs et qu’ici aussi les enfants jouent. L’unique barrière est celle de la langue mais elle n’est pas infranchissable et elle disparaitra avec le temps.

Profiter de la vie britannique

Qu’est-ce que tu préfères du pays, de la ville ?

J’aime tout dans cette ville. Tout. J’aimerais même sa démarche si elle en avait une. Je ne vais pas vous faire la liste, ce serait bien trop long.

Quel est ton quotidien à présent ? qu’est ce que tu aimes faire ?

“J’essaye de faire en sorte que mon fils se souvienne de cette étape de sa vie comme un cadeau que je lui ai fait.”

Durant la semaine, c’est la routine : de la maison à l’école, de l’école au travail et on recommence. En vivant seule, je n’ai pas une minute de pause. Et les fins de semaine, pareil, pas une minute de repos car je profite de la meilleure compagnie possible (son fils ndlr). Je l’emmène a son match de foot le samedi, nous visitons Londres avec l’appareil photo vissé autour du cou (nous sommes tout les deux fans de photographie) et j’essaye de faire en sorte qu’il se souvienne de cette étape de sa vie comme un cadeau que je lui ai fait

Partir vivre en Angleterre avec des enfants

Peux-tu dire que tu es heureuse de vivre au Royaume-Uni ?

Je suis très heureuse. Parce que c’est un rêve qui est devenu réalité et parce que je le vois comme une réussite, d’avoir faire un pas en avant, aussi bien professionnellement que personnellement. Aussi parce que pour la première fois depuis des années, je sens que je peux offrir une vie meilleure à mon fils, ou du moins une vie plus confortable. Et peut-être que le futur me réserve encore de meilleures choses.

Les plan pour le futur

Si tu regardes en arrière, Qu’est qui a changé dans ta vie ?

Tout, en mieux. De ne pas pouvoir terminer le mois à pouvoir mettre de l’argent de coté même si ce ne sont que £300 (343€). De ne pas pouvoir manger dehors à sortir presque toutes les fins de semaines. De ne pas pouvoir acheter de vêtements à renouveler ma garde-robe. En plus de pouvoir profiter d’une ville immense où les options ne semblent jamais s’épuiser.

Quels sont tes plans pour le futur ?

Pour le moment, je vais continuer de travailler au même endroit et s’ils m’en donnent l’opportunité, continuer de gravir les échelons professionnellement ou au moins améliorer ma situation. S’ils ne me donnent pas cette opportunité, d’autres le feront. Cette ville regorge d’opportunités et une fois que vous avez réussi à vous intégrer sur le marché du travail, il est très facile de changer d’emploi. D’ailleurs, le premier mois que je suis arrivée, j’ai reçu beaucoup d’appels de recruteurs intéressés par mon profil seulement parce que j’avais commencé à travailler pour l’entreprise qui m’embauche actuellement.

Conseils pour ce qui veulent partir vivre en Angleterre

Qu’est que tu as à dire aux parents qui ne savent pas trop si venir au Royaume-Uni ?

Je les encouragerais à venir, c’est sûr. Je leur dirais de réunir le plus d’informations possibles, de lire, de s’informer, de faire leurs NIN, d’étudier toutes les possibilités et après, mais seulement après, de se mettre au travail. Personnellement, je ne serai pas partie à l’aventure avec mon fils. J’y ai beaucoup réfléchi, j’ai tout préparé en Espagne. J’admets volontiers que je n’étais pas non plus dans une situation d’urgence. Si je l’avais été cela aurait été une autre histoire.

Partir vivre en Angleterre avec des enfants

Des conseils pour une bonne arrivée avec des enfants ?

Profitez. Il n’y a pas mort d’homme, les enfants s’adaptent très vite. C’est pour nous, les adultes, que l’adaptation est difficile une fois que nous avons fait de ce changement de vie une réalité. Les enfants, eux, nous suivent et nous les emmenons où nous voulons. S’ils nous voient sûrs et décidés, ils auront la certitude que rien ne pourra leur arriver, que tout est sous contrôle. Et c’est la seule solution pour qu’ils se relaxent, qu’ils oublient la peur et affrontent cette étape de leur vie comme une opportunité qui leur est offerte et qui marquera le restant de leur existence.

Tu veux ajouter quelques choses

Oui. Je ne veux pas que les gens croient que cela a été un long fleuve tranquille. Parfois, mon bonheur me fait oublier tout le travail que j’ai dû accomplir pour me trouver là où je suis. Et même aujourd’hui, le fleuve ne s’est pas calmé. Avant de venir, je passais des nuits entières sans dormir à faire des tonnes de calculs afin de voir comment je pouvais réaliser ce projet. Je n’oublie pas que je suis seule, sans compagnon, sans famille et sans un appui direct qui à un moment donné pourrait éventuellement s’occuper de mon fils. Je ne veux pas penser au fait que je puisse tomber malade ou qu’il puisse tomber malade.

“Par chance, Nous sommes avons tous les deux une santé de fer.”

Heureusement qu’il y a les fins de semaine, durant lesquelles nous déconnectons, nous nous reposons et nous profitons l’un de l’autre. Nous profitons aussi de la ville que petit à petit nous considérons comme « notre chez nous ».

 

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Tout a commencé lorsque nous avons publié une annonce sur Facebook expliquant que nous souhaitions recueillir le témoignage d’une personne s’étant installée au Royaume-Uni avec des enfants. Oihana s’est directement proposée pour une interview. C’est clairement un des meilleurs témoignages qu’il nous ait été donné d’écouter.

Nous remercions Oihana du fond du cœur pour avoir partagé son expérience et son temps avec nous. Et nous souhaitons beaucoup de bonheur à cette famille courageuse et parée à toutes épreuves. A toutes les aventures qu’il vous reste encore à vivre dans ce merveilleux pays, nous vous souhaitons bonne chance ! Vous savez où nous trouver !

Je vous embrasse, Adrian.

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